19/02/2016
Effondrement du communisme, trahison des socialistes et nécessité urgente d'un mouvement et d'une idéologie de défense populaire
Le grand capitalisme anonyme, la bourgeoisie imbécile et les bâfreurs de propagande fêtent leur triomphe. L'URSS n'existe plus, la Chine s'ouvre aux investissements financiers, Fidel Castro est sans soutien. En Roumanie et en Lituanie, des électeurs incorrigibles ont bien réélu librement des communistes. Mais que pèsent ces minuscules pays sur l'échiquier mondial ?
En France, les dirigeants socialistes roses très pâles ont tout trahi et tout renié. Le gros Mauroy a osé dire au début du premier septennat Mitterrand que son gouvernement n'avait rien de marxiste, ce dont l'ouvrier le plus borné avait pu se rendre compte. Il a un peu plus tard affirmé que la supériorité du monothéisme ne serait pas remise en cause, trahissant ainsi la laïcité de l'État et de nobles penseurs de gauche comme Ernest Renan.
Lors de la lâche agression contre l'Irak, le gouvernement « socialiste » s'est comporté en fidèle carpette des Américains et des sionistes ; seul Chevènement a osé se distancer de ce crime. Badinter a fait relâcher un gangster peu après impliqué dans des affaires de sang. Lionel Jospin a donné un insurpassable exemple de lâcheté et de report des responsabilités sur le lampiste dans l'affaire des tchadors, violant du même coup la laïcité de l'État et de l'école publique. Pierre Joxe a voulu désarmer la police face à des banlieues bourrées d'armes. Édith Cresson a parlé des Anglais non en termes dignes d'un chef de gouvernement, mais comme une petite va-de-la-gueule. Et tout ce beau monde barbouillé de sang contaminé aurait sacrifié l'agriculture française aux exportateurs américains si la colère paysanne n'avait pas fait front contre le désastre.
Cet effondrement du marxisme rouge et cette déliquescence du marxisme rose laissent un vide dangereux et même dramatique. Pourtant jamais la phrase du chancelier Erhard au début des années 60 n'a été d'une telle actualité. Cet homme d'État allemand sans génie avait pourtant exprimé une évidence : « Le communisme est une bonne question, mais une mauvaise réponse ». Il n'envisageait que les impasses économiques prévues depuis longtemps par Hegel, Karl Marx et Jean Jaurès. Oswald Spengler aussi avait prévu cette situation d'engorgement, mais son analyse arrêtée à mi-chemin lui fait conseiller « l'Impérialisme comme porte de sortie » ( titre d'un chapitre du Déclin de l'Occident ). Nous savons aujourd'hui que cette solution, cette « porte de sortie », est provisoire, donc inexistante.
L'heure est grave, grave à la fois pour la dignité humaine et pour la liberté. On nous parle déjà de nécessités de sacrifices. Nous savons ce que veut réellement dire ce langage : les sacrifices, ce seront les salariés qui auront à les supporter, pendant qu'actionnaires et parasites de toutes sortes ne renonceront pas à un iota de leur standing, de leurs gaspillages insultants. N'oublions pas que les débuts de l'ére industrielle ont porté la misère jusqu'à provoquer des actes de cannibalisme en Angleterre, qu'à cette époque police et armée tiraient sans problèmes sur les salariés contestataires. Les canuts lyonnais, les tisserands allemands, les mineurs anglais, les ouvriers socialistes des journées de Juin 1848 ( plus de dix mille morts dans Paris ) en ont fait l'expérience. Allons-nous revivre cela ? Rien d'impossible. Le capitalisme est au bord de la faillite mondiale et il se défendra comme une bête mauvaise.
Et les impasses économiques ne sont pas les seules : il en est de pires, celles de la surpopulation et de la pollution notamment.
Nous allons être confrontés au chaos. Les rênes échappent à ceux qui furent les maîtres du jeu. C'est pourquoi ils se crispent dans des mesures d'étouffement de la pensée libre.
Les universités américaines ou l'on ne se demande plus si une idée est juste ou fausse, mais si elle est politically correct, la loi Fabius-Gayssot, l'arbitraire total sur le droit d'annonce exercé par les agents du système, le viol de la tradition universitaire pour empêcher la soutenance d'une thèse individualiste et antiétatiste, tout cela est à mettre dans le même sac, tout cela est la crispation de la Bête qui se sait condamnée et tente de prolonger son invisible dictature.
Les ouvriers, les paysans, tous ceux qui pensent à l'avenir de leurs enfants doivent de suite élaborer des structures économiques et sociales de remplacement. J'ai tenté de le faire dès Mai 1968. Mes propositions ont alors été repoussées avec colère par des marxistes bornés et prétentieux.
Je sais bien que, tout comme le communisme, mon socialisme libertaire ne s'édifiera pas d'un coup de baguette magique. Mais avant de se mettre en route il faut d'abord savoir où on veut aller. Les obstacles et les méandres du chemin sont alors dominés un à un.
Les raisons de l'échec du marxisme tiennent surtout à deux facteurs :
1 ) La suppression de l'entreprise privée, donc de la liberté d'initiative, a paralysé les bonnes volontés et étouffé la joie du travail. La tentative du stakhanovisme et tout le baratin officiel sur les héros du travail n'ont été qu'un pétard mouillé. L'aliénation du salarié, que le marxisme se vantait de supprimer, a été plutôt aggravée.
2 ) Le gigantisme industriel et agricole a encore augmenté cette aliénation, car un homme ne peut se sentir intégré qu'à des ensembles qu'il domine par son esprit. Des échos précis sur la gabegie dans les grandes fermes américaines m'ont convaincu que cette gabegie n'y est pas moindre que dans les kolkhozes.
À cela il ne faut pas manquer d'ajouter le dogmatisme stupide des dirigeants communistes qui ont toujours voulu justifier leurs théories contre les plus criantes évidences concrètes.
Pour échapper a l'aliénation et à l'indifférence, il faut donc la liberté d'entreprise, mais réglementée par un contrat social qui abolisse le parasitisme, donc le capitalisme anonyme. Il faut aussi des unités de production à l'échelle humaine, une parfaite transparence sur le coût des matières premières et de l'énergie, sur la destination et les prix de vente réels de la production. Disons de suite qu'une telle économie exige la priorité des marchés locaux et régionaux, pour paraphraser De Gaulle « un monde des patries », des petites patries, de ce que les Allemands appellent die Heimat ( mot parent du concept de 'home' en anglais ), car les grandes patries, les nations sont des statures vagues manipulées par les États, eux-mêmes larbins du capitalisme.
Il faut changer d'échelle de comparaison des valeurs et sortir des actuels systèmes monétaires. Le principe étant posé que matières premières et énergie sont des biens collectifs, il devient possible de définir la valeur d'un produit par le temps de travail nécessité. En refusant la base monétaire comme système d'évaluation, en recourant à la Getreide Einheit ( unité céréale énergétique ) les Allemands de l'après-guerre se sont épargnés bien des erreurs.
Le but serait donc d'aboutir à des communautés humaines qui renoncent à toute lourdeur fiscale, ne tirent leurs revenus pour les services publics que de la vente des matières premières et de l'énergie. Les entreprises seraient fondées et gérées uniquement par des personnes exerçant une fonction réelle dans leur entreprise. Celle-ci devrait fournir en permanence une comptabilité affichée consultable et contestable à la fois par les salariés, les clients et les concurrents. La répartition des bénéfices serait réglée par contrats collectifs.
Utopie ? Voire… Il est bien probable que ce court schéma a besoin de pages de compléments. Que chacun y réfléchisse et apporte précisions et améliorations ! La victoire sur l'exploitation, sur le chaos, sur l'aliénation et le nihilisme qui en résulte passe par ce travail.
Robert Dun
(in L'HOMME LIBRE, fils de la Terre, Septembre 1993)
19:18 Publié dans Politique | Tags : robert dun, anarchisme, autogestion, national-anarchisme | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | | |
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